« Le cubisme est l’art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments empruntés non à la réalité de vision, mais à la réalité de conception » Guillaume Apollinaire
Grand mouvement moderne du début du 20ème siècle, le cubisme demeure aujourd’hui très connu de part ses caractéristiques fortes. Sous l’influence de Cézanne, le mouvement touche des objets et sujets généralement empruntés au quotidien mais retravaillés dans l’objectif de démultiplier les points de vue. En effet, un artiste cubiste analysera l’objet, le décomposera puis le réassemblera, le tout dans la récurrence des formes géométriques et dans la modernité. Il s’agit là d’une déconstruction conceptuelle du réel, mais qui n’atteint jamais l’abstraction totale, et qui pourtant est l’une des voies qui a conduit l’art moderne vers l’abstraction : c’est une étape décisive de l’histoire de l’art. Initialement produit en région parisienne et de manière hermétique par un groupe restreint d’artistes, le mouvement se développe et intéresse de nouveaux peintres tels que Juan Gris, Fernand Léger ou encore Robert Delaunay.
Il faudra attendre 1908 pour que le terme de cubisme soit employé pour désigner une œuvre. On doit ce nom à Henri Matisse qui, lors d’une exposition, a décrit comme cubiste la Maison à l’Estaque, célèbre toile de Georges Braque. Grandement influencé par Cézanne, le peintre a développé son style et adopté une nouvelle perspective esthétique au cœur de 1907 : une volonté de représenter le réel en le géométrisant. Dans ses œuvres, les formes se multiplient et découpent l’objet afin de le montrer sous une toute nouvelle perspective, impossible à retranscrire dans la réalité. Ainsi, les cubistes ne cherchent plus la représentation en 3D de l’objet peint mais tendent vers une représentation en 4D dont le dessein esthétique repose sur la nature conceptuelle.
Le cubisme analytique
D’une part, le cubisme analytique de 1910 à 1912 avec notamment Pablo Picasso et Georges Braque. Marqués par la découverte de la sculpture africaine, les deux peintres se lient d’amitié et une grande collaboration en découle : l’élaboration d’un cubisme analytique. Très hermétique, avec des effets de perspectives complexes et une palette de couleurs restreinte, ce cubisme répond à une nouvelle esthétique. Parmi les œuvres qui correspondent à ce cubisme analytique, on retrouve notamment les célèbres Demoiselles d’Avignon de Picasso. Cette particularité du mouvement crée une rivalité avec le futurisme italien, qui émerge à la même époque. Marcel Duchamp fait tout particulièrement les frais de cette dispute lorsqu’il expose son Nu descendant les escaliers que les cubistes français trouvent trop futuriste.
Le cubisme synthétique
Quelques années après, entre 1912 et 1914, c’est le cubisme synthétique qui émerge avec le groupe de Puteaux. Une approche moins radicale du cubisme et de l’art et une volonté de revisiter les thèmes classiques et modernes qui regroupent de nombreux artistes autour des frères Duchamp dont Albert Gleizes, Jean Metzinger ou encore Fernand Léger… Ce groupe n’hésite pas à exposer ses œuvres, notamment dans le Salon de la Section d’Or à Paris.
Initialement européen, et particulièrement à Paris, le
cubisme n’en est pourtant pas moins influent. D’une part, le mouvement se
multiplie internationalement en touchant de nouveaux pays. On peut par exemple
noter la naissance de variantes nationales telles que le cubisme tchécoslovaque
par exemple dont Alfons Mucha est un célèbre représentant. D’autre part, bien
que principalement pictural, le cubisme touche également la sculpture,
notamment par Picasso qui va influencer de nombreux artistes tels que Alexandre
Archipenko, Jacques Lipchitz ou encore Henri Laurens. Plus encore, le mouvement
influence également la littérature et la musique.
Actif jusqu’au milieu des années 1920, notamment grâce au
soutien des marchands d’art, le cubisme s’éteint avec la grande guerre qui
marque une rupture globale dans le monde des avants gardes. En effet, avec la
grande guerre, on se tourne davantage vers le classique et le cubisme accusé
d’être trop avant-gardiste et ouvert à l’internationalisme perd en popularité. Il
cédera plus tard sa place à de nouveaux courants tels que le dada, le
surréalisme ou encore l’art déco.
