Art gothique : entre vitraux et grandeurs

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Au XIIème siècle, les édifices religieux se voient dans l’obligation de repenser leurs structures pour continuer à accueillir une population qui s’enrichit. Alors que les constructions d’églises et autres cathédrales ne cessent de se multiplier, l’art roman évolue et laisse peu à peu sa place à l’art gothique, notamment en Île-de-France. Initialement mis au point à Saint-Denis lors de la rénovation de sa basilique, ce nouveau style architectural se développe et conquiert de plus en plus d’édifices jusqu’à devenir la nouvelle norme de l’époque en Europe. Majoritairement religieux, le courant artistique trouve tout de même sa place dans certains édifices civils et militaires qui jouissent des nouvelles techniques qui l’accompagnent et qui lui permettent de se différencier. Le mouvement évolue progressivement jusqu’à proposer des dimensions toujours plus élevées avec des vitraux toujours plus grands et toujours plus lumineux. C’est le cas de la Sainte-Chapelle où les vitraux constituent la majorité de la surface murale. À partir de 1350 et jusqu’en 1500, on entre dans l’ère dite du gothique flamboyant où les décors deviennent de plus en plus originaux et imposants. L’épopée de l’art gothique se sera donc développée sur plusieurs centaines d’années, permettant au mouvement de se construire et de s’ancrer durablement dans notre société.

Valdlentin, CC BY-SA 4.0 , via Wikimedia Commons

La Sainte Chapelle

Véritable joyau de l’art gothique réalisé en moins de 10 ans, la Sainte-Chapelle souligne l’importance de la lumière et des vitraux dans le mouvement, notamment au cœur de la chapelle haute. Avec une superficie vitrée de 615m2, la chapelle est un véritable berceau de lumière orné des teintes rouges et bleues des vitraux qui soulignent son éclat.

En plaçant l’envie de monuments élancés au cœur de son concept, l’architecture gothique rompt avec l’idée de basilique charpentée traditionnellement ancrée dans l’architecture romane. Afin d’édifier des bâtiments plus hauts, plus solides et plus lumineux, le mouvement apporte de nouvelles solutions et de nouvelles techniques. Le principal élément différenciant du style gothique repose sur les croisées d’ogives. Destinées à soutenir les différents piliers de la structure, les voûtes gothiques se distinguent par la brisure de leurs arcs qui permet à la lumière de prendre pleinement possession des lieux. C’est l’abbé de Saint-Denis, en 1140, qui comprend les bénéfices de cette nouvelle technique et décide de l’employer dans son édifice : la croisée d’ogives permet de faire reposer le poids de la voûte non plus sur les murs mais sur des piliers. Ces ogives et arcs brisés constituent aujourd’hui l’une des principales caractéristiques de l’art gothique puisqu’ils sont facilement identifiables. En parallèle, les arcs boutants qui accompagnent ces croisées d’ogives se développent jusqu’à la nef de Notre-Dame de Paris, leur permettant ainsi d’être réellement mis en lumière. En ce qui concerne la décoration, les vitraux sont au cœur de l’architecture gothique soulignant le jeu d’ombres et de lumière indéniablement recherché par les architectes. Face aux espaces plus vastes des différents éléments de l’édifice, les architectes ont recours aux vitraux et aux couleurs pour ajouter du caractère et redonner à la lumière son rôle. En effet, majoritairement religieux, les édifices gothiques accordent beaucoup d’importance à la lumière qui permet de faire le lien avec la divinité. De fait, lorsqu’un individu pénétrait dans un édifice gothique, il se sentait immédiatement en sécurité de par la luminosité que le bâtiment lui procurait.  

Notre-Dame de Paris

Avec une architecture intérieure élevée sur trois niveaux, la cathédrale se distingue notamment par sa voûte en croisée d’ogives. Outre ses 29 chapelles, Notre-Dame de Paris se distingue également par la voûte composée de trois arcs ogifs qui surplombe son transept, intersection entre les deux parties du plan en forme de croix latine.

https://www.notredamedeparis.fr/

Au fil des années, les caractéristiques du mouvement s’affinent et il est de plus en plus reconnaissable parmi ses pairs, ce qui lui permet de se multiplier et de s’ouvrir à toute l’Europe, entrainant même parfois des collaborations internationales. C’est notamment le cas de la Cathédrale de Milan, deuxième plus grande cathédrale gothique au monde. Aujourd’hui, le style gothique est pleinement ancré dans notre société et dans l’idée que nous nous faisons du Moyen Âge même s’il a peu à peu laissé place à la Renaissance. C’est grâce à la Renaissance que l’art gothique tel que nous le connaissons aujourd’hui a pris une telle ampleur : initialement utilisé en référence au peuple Goth et à la barbarie, le terme gothique évolue et représente aujourd’hui l’architecture aux célèbres ogives.