Art Immersif

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Académie des Arts Appliqués

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Les arts immersifs sont une nouvelle forme d'expression artistique qui impliquent le corps humain et sa physiologie, et qui ont émergé à la suite des arts interactifs.

Les arts immersifs sont une nouvelle forme d’expression artistique qui impliquent le corps humain et sa physiologie, et qui ont émergé à la suite des arts interactifs. Ces formes d’art sont inspirées d’un domaine spécialisé des sciences et des techniques et exigent des connaissances théoriques et des savoir-faire inhabituels. Il est donc essentiel d’examiner leurs modes opératoires pour comprendre ce qui les conditionne techniquement et qui les rend distincts dans leur finalité, leur réception. Un aspect clé de ces technologies est leur implication dans la perception et la construction du temps, qui est plus difficile à saisir que les phénomènes spatiaux. Malgré cela, il est important de prendre en compte cette dimension temporelle pour une approche théorique complète des arts immersifs. Ainsi, plutôt que de se baser uniquement sur les connaissances acquises dans la fréquentation d’autres formes d’art, il est nécessaire de considérer les liens étroits entre les arts immersifs et le temps.

Définition

Si l’immersion est l’acte par lequel un corps est plongé dans un milieu, alors l’immersivité apparaît comme la capacité d’un corps/sujet à s’immerger dans un espace créé par son propre mouvement. Les Arts Immersifs, comme expériences d’immersion du corps vivant dans un dispositif technique interactif, cherchent à privilégier le devenir, la temporalité de l’espace et l’expérience perceptive pour construire une frontière tangible entre l’art et le réel. L’artiste ne cherche plus à créer un évènement esthétique, mais bien à inventer des conditions de possibilité d’instants qui fondent une expérience basée sur la perception que le spectateur en fait.  (Les arts immersifs comme émersion spatiale du sensible, Anaïs Bernard, Bernard Andrieu, Dans Corps 2015/1 (N° 13), pages 75 à 81)

L’immersion est un phénomène complètement inédit dans l’esthétique de la création et de la réception de l’œuvre d’art. (Bernard A. & Andrieu B., 2014, Manifeste des arts immersifs, Nancy, PUN (Collection : Épistémologie du corps), p. 7/8.). Il y est cité : 

  1. Les Arts Immersifs sont une expérience interactive entre le corps, l’œuvre et l’environnement qui produisent ensemble une émersion d’images, de sensations et d’affects dans la conscience ou le rêve au cours même du processus immersant.
  2. L’émersion dans le corps est le résultat de dispositifs inductifs qui provoquent l’activation involontaire (cérébrale et sensible) de productions spontanées qui s’imposent à l’imagination de l’artiste mais aussi à celle du spect-acteur.
  3. La profondeur du corps est activée par l’art de s’immerger en allant de la simple interaction de la surface des peaux jusqu’à l’imsertion dans le milieu englobant et espaces creux, en passant par l’hybridation qui branche le corps biologique ou le cerveau (Brain Interface Machine) à des techniques de connexion directe, à des avatars, des corps, des machines ou des éléments de la Nature dans une écologie corporelle.
  4. En plongeant dans son corps dans des milieux immersifs par des techniques d’écologisation immédiate, le contenant immersant fait produire, par la vicariance, à notre sensibilité un contenu émersif : le sujet perméable y découvre des environnements qu’il aura incorporés involontairement et inconsciemment ou qui activeront des effets immersifs, sinon invasifs, de ces environnements.
  5. L’éveil dans le corps de sensations inédites vient modifier dans le cours et après l’expérience émersive et subconsciente la conscience de soi, des autres et de sa propre sensibilité. Cette modification de la sensibilité affecte le temps, l’espace, les sensations internes et les repères esthésiologiques.
  6. Ces techniques d’éveil en soi du corps vivant précisent une différence entre l’activation du vivant par le dispositif immersif de la conscience de son vécu, qui en sera toujours une interprétation esthétique.

Interaction et autonomie

Avec l’avancée de la réalité virtuelle et des technologies de l’intelligence artificielle, les créateurs ont introduit des entités informatiques autonomes dans l’univers de la réalité virtuelle, au lieu de se contenter de simples objets déterministes. Ces entités disposent de moyens de perception, de décision et d’interaction avec leur environnement, ce qui crée un univers de modèles autonomes en interaction. Les utilisateurs humains ne sont plus les seuls à contrôler l’évolution des univers virtuels, mais doivent partager le contrôle avec les entités numériques autonomes qui y habitent. Cette autonomie constitue un critère supplémentaire pour caractériser la réalité virtuelle, en plus de l’immersion et de l’interaction.

Art Immersif

L’évolution de la réalité virtuelle a-t-elle un impact sur la sensation de présence ? Se sentir présent dans un lieu et un moment donnés est un état psychologique subjectif qui dépend non seulement des critères techniques lorsqu’on se trouve dans un environnement de réalité virtuelle, mais aussi étroitement des états mentaux et somatiques tels que cognitifs, émotifs, mémoriels, sensorimoteurs… du sujet. Bien que l’on puisse ressentir ces états avec une grande intensité devant un paysage, un tableau ou en écoutant un solo de flûte, l’interaction avec des agents autonomes de type humanoïde amplifie et modifie considérablement la sensation de présence. Il ne faut pas limiter l’environnement technologique dans lequel nous évoluons aux seules technologies de réalité virtuelle et augmentée. 

Il faut également prendre en compte toutes les technologies de communication, telles que les écouteurs, les récepteurs radio, les smartphones, les tablettes, les réseaux sociaux numériques, les GPS, etc., qui s’adressent à un public beaucoup plus large que celui de la réalité virtuelle et augmentée. Ces technologies ont un impact sur notre perception et notre corps, en introduisant de nouvelles conditions dans la production et la circulation de l’information, en rendant les utilisateurs et l’environnement d’immersion plus mobiles. Elles nous permettent de nous inscrire dans leur espace, de composer avec leur temporalité, et modifient notre façon de nous immerger dans le temps des machines.

Les artefacts sont des créations artistiques conçues pour transmettre une vision singulière du monde, impliquant le corps dans ses différents états sensorimoteurs et proprioceptifs. Les artistes créent ces œuvres pour partager leur présence avec les spectateurs en quête d’expériences esthétiques inédites, en utilisant les technologies immersives.

Les arts immersifs se présentent sous une grande variété de formes, allant de la réalité virtuelle basique à l’intérieur d’enceintes confinées aux dispositifs « distribués » tels que les transmédias. Ces propositions sont innombrables et en perpétuelle évolution, les hybridations technologiques étant sans limites.

Un exemple de création artistique immersive est Corps mental d’Anika Mignotte, dans laquelle le spectateur est placé dans une cabine isolée du monde extérieur, équipée de capteurs physiologiques pour enregistrer son rythme cardiaque, sa respiration, sa tension artérielle, la conductivité de sa peau et son état thermo vasculaire. Ces données sont ensuite traitées en temps réel par un ordinateur qui renvoie une interprétation visuelle et sonore de ces données au spectateur via un écran vidéo et des écouteurs, créant ainsi une boucle rétroactive entre les états corporels du spectateur et les images visuelles et sonores qu’il perçoit.

Source : Anika Mignotte Labo Corps-mental présence & « les innommables », installations et vidéos