Dénoncer par l’art : l’histoire du pop art

Académie des Arts Appliqués

Intéréssé pour intégrer l'école et devenir un futur designer ?

Tate Gallery Collection - http://www.tate.org.uk/servlet/ViewWork?cgroupid=999999961&workid=11350&searchid=8201&tabview=image


Associé dans l’inconscient de beaucoup aux Etats Unis et à Andy Warhol, c’est en réalité en Grande Bretagne que le Pop Art voit le jour. Initié par l’Independent Group, dans lequel on retrouve Eduardo Palozzi et Richard Hamilton, qui se réunissait dans les années 1950 à Londres pour analyser l’impact des médias de masse et de la technologie dans notre société. C’est, en effet, lors d’une des réunions de ce groupe d’intellectuels que le terme de “Popular Art” est abordé pour faire référence aux œuvres réalisées par le groupe depuis quelques années. En 1947, par exemple, Palozzi réalise une série de collages d’images issues de magazines américains, dont le célèbre I was a rich man’s plaything ! De son côté, Hamilton réalise une série de projets mêlant art et publicité et c’est en 1957 qu’il va définir ce popular art comme « un art populaire destiné aux masses, éphémère, à court terme, consommable, facilement oubliable, produit en série, peu coûteux, jeune, spirituel et sexy »


Ce nouvel art prend racine dans la société même dans laquelle il évolue, à un moment où le capitalisme est roi et où les nouvelles technologies ne cessent d’affluer. Et le pop art ne va pas rester en reste : pourquoi ne pas se servir de ces outils pour répandre ses idées ? Les artistes s’emparent de ces nouvelles technologies et étendent le mouvement aux Etats Unis, où l’on retrouve celui qui est considéré comme l’un des pères fondateurs du pop art : Andy Warhol. L’artiste, dont on retrouve certaines œuvres au Museum of Modern Art de New York, a su se faire une place et se hisser parmi les plus grands artistes du XXème siècle, tant par la qualité de ses œuvres picturales que filmographiques. Au milieu des années 1960, il commence à adopter la technique qui l’aura rendu célèbre : la photographie sérigraphiée sur toile, reproduite en grand nombre. Mais c’est également pour le choix même de ces motifs qu’il est connu : il s’inspire fortement de la culture populaire et de ce que traverse la société en reprenant le symbole du dollar, l’image de certaines célébrités ou encore des marques populaires comme avec les boîtes de Campbell’s Soup en 1962.

https://origins.osu.edu/milestones/november-2012-andy-warhol-s-campbell-s-soup-cans-1962?language_content_entity=en

Grâce au procédé sérigraphique, qui laisse la trace de la trame lors de l'impression, Warhol restitue un aspect essentiel des documents qu'il utilise : leur nature d'images déjà imprimées et divulguées par la grande presse, leur nature de cliché, dans tous les sens du mot et en fin de parcours, en les transposant sur la toile, l'artiste accentue encore l'aspect cliché de ces images et la multiplication achève de leur faire perdre leur sens.

Manuel Jover, Le voleur d'images, hors-série Beaux Arts Magazine Andy Warhol, Centre Georges Pompidou/Beaux Arts SA, Paris, 1999

 

Cependant, ces deux aspects du mouvement sont très différents et apportent deux visions de notre société. Alors que le pop art américain se nourrit de l’American Dream et de ces nouveaux modes de consommation, directement liés à son pays, le pop art britannique prend davantage de distance et apporte une vision plus critique.

 

Le mouvement entraine une véritable remise en question du monde artistique avec notamment la remise en cause de l’unicité d’une œuvre. En effet, l’un des objectifs principaux du Pop Art est de dénoncer et cela passe par la contestation des traditions artistiques. Alors que les œuvres d’art étaient traditionnellement considérées comme uniques, le pop art a pour vocation de créer ces mêmes œuvres en série et affirme même que cela permettrait de toucher une audience plus large. Andy Warhol en est d’ailleurs l’un des exemples principaux avec la reproduction de séries par dizaines, voire même parfois par centaines ! En parallèle, le Pop Art permet également de réintroduire le réel et le populaire au cœur de la création : les artistes de cette époque s’inspirent de ce qui les entourent et reprennent des symboles populaires comme le célèbre Mickey Mouse dans l’œuvre de Roy Lichtenstein ou encore Marilyn Monroe dans le célèbre diptyque de Warhol.

Et la France dans tout ça ?

En France, le courant du nouveau réalisme s’apparente énormément au pop art. D’une part, par le recours aux images publicitaires qui affluent à grande échelle dans la société de consommation de l’époque. D’autre part, par le caractère critique, voire parfois politique, de l’oeuvre. César Baldaccini, sculpteur du sud de la métropole, va notamment illustrer ce nouveau réalisme dans sa série Compressions. Pour réaliser ses oeuvres, il va se tourner vers les casses automobiles et réutiliser des matériaux issues de voitures en fin de vie, dénonçant ainsi l’industrialisation mais également la société de consommation en compressant également des capsules ou encore des cannettes de soda.