L’art minimaliste

Académie des Arts Appliqués

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L'ABC art, la systemic painting, les primary structures, le literalist art, le cool art… il n’est pas simple de ne pas en faire trop.

Source de l’image : Que des géants du minimalisme à Singapour, Auteur Caroline Figwer, Publié le 21 novembre 2018, https://docs.google.com/spreadsheets/d/19-epTeKzQuHtLg2nJBtC0YfMvn9C6AZ43njZW5FuC8M/edit#gid=0

La complexité de faire simple

Comme de nombreux courants de l’art moderne et contemporain, l’art minimal ou le minimal art, est né aux États-Unis, initialement à New York et Los Angeles, dans les années 1964-1965. Il est présenté comme un mouvement en réaction à l’art expressionniste abstrait des   années 1940/1950 qui valorisait le caractère émotionnel des œuvres. L’art minimaliste est encore à ce jour mal défini mais reconnu par l’histoire de l’art comme un art contemporain, qui se situe à l’extrême du modernisme.

Dès l’origine, les artistes minimalistes ont rejeté massivement l’appellation « minimaliste » de ce courant à cause de son caractère « réducteur ». En effet, ce mouvement artistique a souffert d’une appellation commode mais inexacte et déformatrice tant du point de vue général, avec des pratiques très diverses, que du point de vue des singularités propres à chaque œuvre. L’expression minimal art – utilisée pour la première fois en janvier 1965 par Richard Wollheim dans un article paru dans la revue Arts Magazine – ne fut pas la seule tentative de dénomination : ainsi, il y eut l’ABC art, la systemic painting, les primary structures, le literalist art, et même le cool art. Après maintes vicissitudes, le nom « minimal » fut retenu.

Source de l’image : Donald Judd (1928-1994) Stack Traduction : Pile ; agencement équidistant, 1972 acier inoxydable, plexiglas 470 x102,5 x 79,2 cm. Paris, musée national d’Art moderne – Centre Georges Pompidou Achat à la Galerie Daniel Templon (Paris) en 1973 © Judd Fondation/ADAGP, Paris, 2012 © Collection Centre Pompidou, Dist. RMN / Philippe Migeat

« Less is more » ou « Moins est plus », l’architecte allemand Ludwig Mies Van der Rohe directeur du Bauhaus (une école d’architecture et d’arts appliqués, fondée en 1919) commente l’art minimal en ces termes, en 1965. Less is more a été emprunté à un poète britannique dénommé Robert Browning. En effet, dans un poème en hommage à un peintre italien de la Haute Renaissance, Andréa del Sarto, l’architecte allemand Ludwig Mies Van der Rohe a utilisé cette phrase devenue depuis la devise du mouvement minimaliste.

Le retour à un degré zéro

L’art minimal réunit des champs disciplinaires aussi distincts que la phénoménologie, la philosophie, la psychanalyse, l’esthétique ou les mathématiques, alors qu’il est généralement décrit comme une évidence pour le·la spectateur·trice (formes simples, épurées, unitaires). Cette dualité multiplie les perspectives de recherche sur ce mouvement artistique.

L’art minimal propose une révolution du regard et de l’intellect qui, s’appuyant sur des formes immédiatement compréhensibles par tous, ne réduit pas tant les objets eux-mêmes que les processus esthétiques de production et de réception des œuvres. Il faut bien comprendre que cette « réduction », si elle a lieu d’être, n’est pas une réduction quantitative, mais une réduction qualitative portant à la fois sur la matérialité des objets et sur la perception et l’interprétation du·de la spectateur·trice.

L'art minimal : l'art de la perception

Il s’agit de mettre l’accent non sur la manière dont une œuvre affecte le·la spectateur·trice mais sur l’analyse de celle-ci et de ses conditions d’existence dans l’espace et dans le temps car « les propriétés émotionnelles des œuvres sont des aspects qui varient d’une personne à l’autre et (qu)’il est difficile de les aborder avec le sens ordinaire des mots »1. BOCHNER Mel, Les systèmes d’art sériels : un solipsisme, 1967.

En peinture, les artistes minimalistes tendent ainsi à solliciter le·la spectateur·trice dans son rapport à l’espace et à l’objet. Ce dernier est mis en situation de se déplacer dans l’espace et autour de l’œuvre. La tridimensionnalité offre une multitude de points de vue. L’observateur·trice sort du cadre du tableau, de sa planéité.

Source de l’image :  Untitled (Kufa Gate Shape), 1967, Frank Stella, New York, Metropolitan Museum.

L’art minimal crée un rapport inattendu avec l’œuvre d’art. Cette totalité, cette forme indécomposable agit sur la perception de·de la spectateur·trice. L’œuvre minimale rappelle au visiteur que le monde lui apparaît d’abord en tant que forme. Peut-on croire que la perception est une rencontre avec le réel ?