Le fauvisme, hymne à la couleur

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Le fauvisme est considéré comme le tout premier style d'avant-garde du vingtième siècle. Il a reçu son nom en 1905 et n'a duré que quelques années;

Le fauvisme est considéré comme le tout premier style d’avant-garde du vingtième siècle. Il a reçu son nom en 1905 et n’a duré que quelques années, après quoi les artistes qui se sont appelé·s fauvistes ont commencé à explorer de nouvelles influences et de nouveaux courants, par exemple l’approche du cubisme par Derain.  Les représentants les plus éminents de ce style sont Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck.

S’il est difficile de fixer un début au fauvisme, les premières œuvres de Matisse se plaçant vers 1896, la fin du mouvement paraît assez nette ; sauf Van Dongen, tous les « fauves » se sont orientés à partir de 1908 vers un art très différent de ce qu’ils faisaient vers 1905.

Retour aux origines

Le fauvisme en tant que mouvement artistique a débuté avec l’exposition du Salon d’automne à Paris en 1905. Les nouvelles œuvres totalement inattendues d’Henri Matisse, André Derain et Maurice de Vlaminck qui y ont été présentées ont hypnotisé et choqué le public par leurs couleurs criardes, leur expressivité violente et leur énergie sauvage. La salle VII de ce salon qui présentait ces jeunes peintres, fût surnommée : « La cage aux Fauves ». Au milieu de la salle où étaient rassemblées les œuvres de Matisse et de ses ami·es, trônait une statuette d’Albert Marque dans le style de la Renaissance italienne ; en la voyant, le critique Louis Vauxcelles s’écria : « Donatello chez les fauves ! ». Il a été difficile de trouver une définition plus précise, mais les artistes l’ont adopté et ce nom s’est rapidement répandu.

Pour autant, le fauvisme, en dépit de son caractère révolutionnaire, ne pouvait évidemment pas sortir de nulle part. Le terrain pour son émergence avait déjà été préparé par les impressionnistes, et a ensuite été généreusement fertilisé par Vincent van Gogh, Paul Gauguin, Paul Cézanne et Georges Seurat. Dans un sens, le fauvisme a combiné les expériences de couleurs vives du post- et du néo-impressionnisme, en devenant une sorte de synthèse de ces mouvements artistiques. Suivant les traces de leurs prédécesseurs, les fauvistes ont rejeté les images tridimensionnelles habituelles et ont commencé à créer un nouvel espace artistique, en utilisant des zones plates et des taches de couleur. Le fauvisme est souvent comparé à l’expressionnisme allemand, qui est apparu à peu près à la même époque et s’est également développé à partir du postimpressionnisme.

Le peintre symboliste Gustave Moreau, souvent considéré comme le cerveau du mouvement, a sans aucun doute exercé une influence majeure sur les « fauves ». Il a été professeur à l’École des Beaux-Arts de Paris, auprès de laquelle Henri Matisse, Albert Marquet, Georges Rouault et de nombreux autres artistes ont étudié dans les années 1890. Moreau a suscité chez ses élèves un intérêt pour la couleur pure et leur a appris que l’une des qualités les plus importantes d’un grand artiste est l’expression de soi à travers ses peintures.

Les caractéristiques

  • L’une des contributions les plus importantes et les plus précieuses que les « fauves » ont apportées à l’art moderne est leur idée radicale de séparer la couleur de sa fonction descriptive et représentative et de lui permettre d’exister sur la toile comme un élément indépendant. La couleur pouvait exprimer une certaine humeur ou former une structure dans un tableau, mais elle n’avait plus besoin de correspondre à la réalité.
  • Une autre préoccupation artistique centrale des fauvistes était l’unité et l’équilibre de la composition. En simplifiant les formes et les couleurs fortes et saturées, les artistes attiraient l’attention du·de la spectateur·trice sur le plan originel de la toile ou de la feuille de papier, où chaque élément avait son propre rôle à jouer dans l’espace pictural. L’impression visuelle immédiate d’une telle œuvre devait être forte et cohérente.
  • L’expression de soi était la valeur la plus importante du fauvisme. L’expérience directe de l’artiste avec ses sujets, sa réaction émotionnelle à la nature et son intuition étaient plus importantes que la théorie académique ou les sujets « nobles ». Tous les éléments de la peinture ont été utilisés pour atteindre cet objectif.

Les artistes représentant le style fauviste comprennent Georges Rouault, Raoul Dufy, Albert Marquet, Jean Metzenger, Kees van Dongen et Georges Braque.

« Les fauves » cultivèrent essentiellement le thème du paysage : Paris et ses environs, la Normandie, la Côte d’Azur, Anvers, Londres ; des vues très simples, rues sans pittoresque, ports et bords de mer ; pas de paysages fantastiques ou héroïques, des personnages réduits le plus souvent à des silhouettes ; quelques portraits d’ami·es, de rares natures mortes.

La fin du fauvisme

Ainsi, les couleurs intenses, voire criardes, sont l’une des caractéristiques des peintres fauves. Pour autant, il existe des peintures dans lesquelles des teintes douces, sourdes et terreuses sont utilisées, même si elles le sont de manière non conventionnelle, rendant  la réalité représentée moins réelle. 

En croyant au pouvoir émotionnel de la couleur, les « fauvistes » ont créé une nouvelle forme de « sentiment » et de perception dans l’art contemporain. Le fait qu’ils n’aient jamais constitué un cercle fermé avec des règles, des manifestes et des codes esthétiques clairs a paradoxalement renforcé l’influence du fauvisme sur l’ensemble de l’avant-garde européenne.

En 1907, le fauvisme perd progressivement de sa popularité et après 1908 le mouvement cesse de se développer. Pour autant, les idées fauves ont continué à influencer le monde de l’art pendant plusieurs décennies. Le cubisme, l’orphisme et, plus tard, l’expressionnisme abstrait doivent beaucoup aux quelques années du début du vingtième siècle pendant lesquelles Matisse, Derain, de Vlaminck et leurs disciples ont expérimenté leurs couleurs « sauvages ».