Le graphisme japonais : ancré dans la culture du soleil levant

Académie des Arts Appliqués

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Avec une puissance culturelle non négligeable, le Japon a su conquérir les cœurs occidentaux et a aujourd’hui une place importante dans la littérature et le cinéma. Alors que les mangas ont trouvé leur place au cœur des bibliothèques, c’est au sein des catalogues Netflix que les animés évoluent parallèlement. L’influence japonaise s’arrête-t-elle simplement à ces loisirs ou cette culture s’ancre-t-elle davantage chez nous ?

 

Tout comme les mangas et les animés, le graphisme japonais fascine. Mais pour bien en comprendre toutes les clés, il est important de remonter chronologiquement aux besoins mêmes qui ont créé cette esthétique. À la suite de la seconde guerre mondiale, alors que le pays entre dans une phase intense de reconstruction, débute la deuxième révolution industrielle japonaise. Alors que tout est à reconstruire, le miracle économique japonais se construit : en à peine 20 ans, le pays se place à la seconde place économique, juste derrière les Etats-Unis. Cette position ne vient pas seule puisqu’elle engendre un fort besoin de se démarquer et ainsi un besoin croissant en outils de communication : packagings, logos et affiches sont désormais au cœur des besoins du pays. 

Un renouveau est donc lancé, de nombreux graphistes se penchent sur le sujet et permettent à l’esthétique japonaise telle que nous la connaissons aujourd’hui de se développer. En 1964, par exemple, c’est à Yusaku Kamekura, aujourd’hui considéré comme le père de la conception graphique japonaise, que l’on doit l’affiche des Jeux Olympiques de Tokyo. Avec un design assez épuré reprenant simplement les codes essentiels, les anneaux olympiques et l’emblème du soleil levant présent sur le drapeau japonais, l’affiche a su mettre en avant le savoir-faire japonais. En effet, la création fait référence à la technologie et aux techniques d’impression du pays grâce à la photogravure. Kamekura, les techniques mais également le pays ont été récompensés à de multiples reprises, notamment par le prix de Milan.

https://olympics.com/fr/olympic-games/tokyo-1964/logo-design

Dans un pays où la publicité est omniprésente, à l’instar de Shibuya, arrondissement de Tokyo reconnu pour ses affiches et campagnes publicitaires colorées et décalées, l’image et l’esthétique sont primordiales. Fortement influencés par la tradition japonaise, l’estampe et la calligraphie, ces graphistes n’en oublient pas pour autant les codes occidentaux ancrés depuis des années. Et c’est ce qui permet au graphisme japonais de se démarquer !

Landry Miguel, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

Le shodo

Véritable art respecté depuis plusieurs siècles, le shodo, ou art de la calligraphie japonaise, provient des anciens symboles chinois. A la fois moyen de communication et d’expression de la beauté, le shodo est très employé dans le graphisme japonais. Qu’il soit utilisé pour faire référence au pays du soleil levant ou pour retranscrire les émotions de l’artiste, c’est un incontournable.

L'ukiyo-e

Mouvement artistique de l’époque Edo (1603-1868), l’ukiyo-e fait notamment référence aux estampes gravées sur bois. Cette technique d’impression de la gravure, bien que parfois considérée comme vulgaire au Japon, conquit les occidentaux dès la fin du XIXème siècle. Ces estampes ont, par exemple, influencé Camille Pissaro ou encore Paul Cézanne et constituent aujourd’hui l’un des piliers de la culture graphique japonaise.

Ancré et reconnaissable dans son pays, le graphisme japonais ne se cantonne pas à la conquête du monde oriental mais s’invite également chez ses confrères. Il n’est aujourd’hui plus étonnant de rencontrer des logos, packaging ou autres affiches marqués par cette influence grandissante. Qu’il s’agisse de symboles mondialement connus tel qu’un clin d’œil à la Vague de Kanagawa, estampe la plus célèbre et la plus déclinée, ou de détails plus discrets comme le recours aux kanjis, idéogrammes classiques de la typographie japonaise, ces éléments participent au développement et à l’ancrage du graphisme japonais dans le monde.