Le Land Art ou la terre, à la fois médium et message

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L’aventure intellectuelle du Land Art s’est pour l’essentiel déroulée aux États-Unis, entre la fin des années soixante et le début des années soixante-dix. Les véritables piliers du Land Art, Walter de Maria (à qui l’on doit le terme de Land Art), Michael Heizer, Robert Smithson, Robert Morris et Denis Oppenheim ont toujours désiré contribuer à la naissance d’un art typiquement américain dans lequel les grands espaces (les déserts de l’Utah, du Nevada et du Nouveau Mexique, le Grand Canyon…) jouent un rôle prépondérant. Leur objectif était d’inclure dans la nature le principe de l’installation, en se servant des substances naturelles brutes. La terre, avec ses caractéristiques naturelles et symbolique considérables, allait représenter le matériau privilégié.

Source de l’image : Adobe Stock

Le mouvement prend donc sa source aux États Unis, vers la fin des années 1960 avec des réalisations qui, avant d’être rassemblées sous l’appellation de Land Art, étaient qualifiées par leurs promoteurs d’Earth Art et parfois même d’Earth Works. Ces artistes souhaitaient contester les principes même de la production culturelle, de l’exposition et de marchandisation de l’art. Pour cela, ils ont décidé de sortir des ateliers de création, des musées et des galeries d’art et de produire et exposer des œuvres à l’extérieur, « out door » (ou in situ, en français).

Gilles Tiberghien, en 1993, explique que le Land Art n’est qu’une « appellation commode pour désigner des pratiques artistiques qui ont élu la nature comme matériau et comme surface d’inscription. Le Land Art est en fait la résultante… ». Le mouvement artistique est officiellement reconnu lors de l’exposition Earthworks ou Back-to-the-Landscape à la Dawn Gallery de New York, en 1968.  

Les sculptures les plus emblématiques du Land Art, réalisées à partir de matériaux naturels trouvés sur place, ont été nommées Earthworks par Robert Smithson.

Les productions du land art ne cherchent plus à représenter la nature, mais à révéler les qualités propres et les composantes de ses matériaux (terre, bois, sable, pierres, végétaux…), pour créer des expériences d’art dans la vie, d’art informel, avec une approche très conceptuelle de la pratique artistique, en niant l’idée de représentation, pour aller « au-delà de l’œuvre ».

 

Source de l’image : Joanna Hedrick https://www.instagram.com/joanna_hedrick/ 

Le Land Art éphémère

Forme de sculpture monumentale et abstraite inscrite dans les grandes étendues du paysage nord-américain, le Land Art se veut un art à parcourir, à vivre et expérimenter autant qu’à voir. Malheureusement, beaucoup de ces œuvres ont maintenant disparu.

En principe, l’œuvre du Land Art est durable, or les œuvres vont cependant entrer, sous l’influence des éléments naturels, dans un processus de modification, de décomposition et de dégradation. Ce processus est généralement considéré par l’artiste comme faisant partie de l’œuvre. Dépassant le caractère éternel ou intemporel traditionnellement lié à l’existence d’une œuvre d’art, les productions artistiques du Land Art veulent renouer avec la notion de la durée, de l’écoulement du temps, et bien entendu de la fin : l’œuvre est éphémère. Cependant, le principe même d’une durée de vie limitée des œuvres de Land Art leur donne une existence qui peut vivre et être vécue : l’œuvre est vivante, mouvante, elle s’accomplit dans la durée.

Source de l’image : Stones and Flies: Richard Long in the Sahara, Documentaire réalisé par Philip Haas, écrit par Philip Haas, Royaume-Uni,1988 • https://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_fiche_film/26827_0

Si la motivation de ce mouvement artistique est principalement esthétique, le Land Art témoigne d’une volonté d’inscrire l’humanité dans une nature avec laquelle les sociétés humaines ont co-évolué. Le mouvement s’inscrit alors dans une conception écologique du monde. Le minimalisme de l’intervention des artistes dans la création des oeuvres peut aller jusqu’à faire de la marche, l’œuvre d’art elle-même. Du paysage anglais aux plus sauvages contrées d’Écosse, Richard Long parcourt ainsi le monde.

L’esthétique de la nature ne relève plus seulement de l’art, mais aussi du savoir et des savoir-faire. Si les fragiles compositions du Land Art sont particulièrement émouvantes, c’est qu’en nous initiant au « beau naturel », elles nous invitent à nous passer d’elles, à découvrir : immergés mais actifs. (Source de l’image Unsplash).