Aujourd’hui considéré comme l’un des événements incontournables de la mode, la Paris Fashion Week fait énormément parler d’elle et rythme les tendances de la mode mais cela n’a pas toujours été le cas. Retour sur l’histoire de ce défilé, de ses prémices à ce qu’il engendre aujourd’hui !
Aussi étrange que cela puisse paraître, la mode n’a pas toujours été sur le devant de la scène. Au contraire, à ses débuts, elle était même plutôt intimiste avec des présentations de collection réservées aux habitués des-dites maisons. C’est à la fin des années 1860 que ces présentations évoluent sous l’influence de Charles Frédérick Worth, pionnier de la haute couture à Paris, qui va, pour la première fois, faire défiler ses créations sur de vrais mannequins. En présentant ses créations à une clientèle aisée et aristocrate dans des salons luxueux, il permet au métier de couturier de s’élever au rang de l’art par la recherche et la fabrication des tissus et autres ornements. Quelques années plus tard, Paul Poiret, couturier et parfumeur français, développe encore plus cette idée de défilé en décidant d’organiser des bals mondains au cours desquels les invités venaient vêtus de leurs plus belles pièces. Connu pour ses créations luxurieuses et gracieuses, Paul Poiret va notamment marqué l’histoire avec son bal de 1911. Cette année là, sous le thème de la Mille et Deuxième Nuit, le créateur fait défilés des mannequins vêtus de robes abat-jour et de sarouels : l’évènement est, encore aujourd’hui, un incontournable dans le monde de la mode.
Initialement considérés comme des événements rares, les défilés se multiplient et chaque maison commence alors à présenter ses collections sur une série de modèles, mais uniquement face à un public restreint. La peur du plagiat est telle que ces présentations ont lieu sous la plus haute surveillance, les invités sont triés sur le volet et la présence est interdite aux photographes.
C’est à la fin de la Seconde Guerre Mondiale que la mode connaît une nouvelle évolution, notamment en termes de réglementations. En 1945, la Chambre Syndicale de la Haute Couture stipule que chaque maison doit présenter au moins 35 tenues de journées et de soirées par saison : soit près de 150 tenues par an !
Deux ans plus tard, la maison Dior décide de présenter sa toute première collection, Corolle, devant la presse de mode et autorise la présence de photographes. Cela hisse la maison sur le devant de la scène nationale mais ouvre également sa compétition à l’international. Au cours de ce défilé, le New Look voit également le jour : fini la rigidité de la guerre, on laisse places aux jupes volumineuses, aux tailles fines et à la féminité affirmée. Dior ne s’arrête pas là et continue de faire évoluer la mode en redéfinissant les lignes et les formes de la mode féminine. Aux côtés de Givenchy, Balmain ou encore Fath, la maison permet de hisser Paris au cœur du secteur de la mode.

C’est en 1973, année de création de la Fédération Française de la Couture, qu’aura lieue la toute première Fashion Week. Aujourd’hui connu comme la Bataille de Versailles, ce défilé va bouleverser l’histoire de la mode parisienne à l’échelle mondiale. A l’occasion d’une levée de fond pour la restauration du Château de Versailles, un défilé est organisé entre la France et les Etats-Unis, pour souligner les tensions entre la mode parisienne et son homonyme new-yorkais. 10 créateurs ont donc été appelés à présenter leurs collections : du côté de la France, c’est Yves Saint Laurent, Emanuel Ungaro, Christian Dior, Pierre Cardin et Hubert de Givenchy qui s’unissent pour représenter l’hexagone. Malgré leurs mises en scène remarquable, dont des carrosses en citrouille évoquant le comte de Cendrillon, les États-Unis, portés par Anne Klein, Halston, Oscar de la Renta, Bill Blass et Stephen Burrows, sont déclarés vainqueurs. Ce qui aurait pu être considéré comme un échec est en réalité une victoire pour le secteur de la mode qui, suite à cet événement, ne cessera de voir émerger des défilés, tous plus audacieux les uns que les autres. Pour ne citer qu’eux, Thierry Mugler et son défilé au Zénith de Paris devant 6000 personnes ou encore Jean-Paul Gaultier et son soutien-gorge porté par Madonna lors de sa tournée Blond Ambition.

Depuis ce moment, la Fashion Week parisienne permet de voir les évolutions de la mode. Dans les années 1980, par exemple, on remarque une arrivée de stylistes japonais avec des conceptions révolutionnaires pour le secteur. Dans les années 1990, ce sont les britanniques qui sont à l’honneur, avec John Galliano et Alexander McQueen par exemple. Plus récemment, en 2019, Stella McCartney, styliste britannique qui prône une mode responsable depuis plusieurs années, s’associe à LVMH, leader mondial du luxe à qui appartiennent de nombreuses maisons phares, pour accélérer le développement du mode durable.
Ainsi, ceux qui étaient au départ réservés aux clients les plus fidèles sont aujourd’hui sur le devant de la scène pour voir évoluer le secteur de la mode au fil des années. Une chose est sûre , l’événement, qui réunit plusieurs centaines de milliers de personnes, est aujourd’hui un incontournable de la mode. Et, qui sait, peut être que dans quelques années la Paris Fashion Week prendra un tout nouveau tournant et emmènera la mode française vers une nouvelle scène.