RSE : penser le design autrement

Académie des Arts Appliqués

Intéréssé pour intégrer l'école et devenir un futur designer ?

Depuis plusieurs années maintenant, la conscience sociétale et écologique de notre société ne cesse d’évoluer. En effet, nombre d’entre nous cherche à minimiser notre empreinte carbone et notre impact sur l’environnement par la mise en place de certaines actions, comme la consommation de produits locaux et issus de l’agriculture biologique par exemple. Cette évolution des consciences se ressent également au niveau professionnel avec la croissance de l’impact de la RSE – Responsabilité Sociétale des Entreprises.

Véritable prise de conscience quant aux enjeux environnementaux, sociaux, économiques et éthiques de l’entreprise, la RSE conquiert chaque année plus de structures. Parfois volontaire ou parfois juridique, cette responsabilisation relève dans un premier temps des demandes de la société. Cette prise de conscience des individus impacte grandement leur manière de consommer et influence les différents organismes, qu’ils vendent des produits ou des services. Ces actions reposent généralement sur les piliers du développement durable : d’une part, l’environnement avec une volonté de réduire son impact sur notre planète ; d’autre part, la société avec un désir d’inclusivité et d’équité entre toutes et tous.

En parallèle de son impact sur l’entreprise et sa stratégie, la RSE joue également un rôle important dans le renouvellement du métier de designer, qui est aujourd’hui amené à penser et concevoir les choses de manière plus éthique. On parle même de design éthique pour représenter cette réflexion quant à la responsabilité du designer envers l’humain et notre société. Qu’il s’agisse de la réalisation d’un packaging pour un graphiste ou du choix des matières utilisées (ou plutôt ré-utilisées) pour un styliste, l’éthique fait désormais pleinement partie de la réflexion. Aujourd’hui, le designer se doit de penser à l’impact de sa création lorsqu’il l’imagine et la conçoit. Pour ce faire, plusieurs caractéristiques sont à prendre en compte.

La facilité d'utilisation

Plus un produit est simple d’utilisation, plus le public sera séduit par ce dernier. Cette facilité d’utilisation passe notamment par le design qui va permettre au produit de répondre aux besoins de l’utilisateur tout en étant simple à comprendre, à utiliser et à appréhender. Prise en compte dès le processus de développement, cette simplicité se doit d’être inclue par le designer dès la conception du packaging. Qu’il s’agisse de l’emballage primaire ou de l’emballage secondaire, les attentes du consommateur sont au cœur des caractéristiques prises en compte par le graphiste dans sa conception.

L'accessibilité

La disponibilité et l’accessibilité du produit à tous et non pas uniquement au cœur de cible sont aujourd’hui primordiales. On remarque notamment une non-inclusion des personnes en situation de handicap dans la conception des différents designs. En ligne, par exemple, il est important de ne pas oublier les textes alternatifs et méta descriptions qui permettront aux personnes malvoyantes d’accéder à votre contenu.

La durabilité

Au cœur de toutes les préoccupations, l’environnement constitue l’un des enjeux principaux du design éthique. On parle même de design circulaire en référence à la boucle vers laquelle tendent les ressources sans cesse réutilisées. C’est notamment le cas dans le design de mode ou en architecture d’intérieur avec le développement de l’upcycling qui devient peu à peu la norme. La réutilisation et la durabilité sont désormais ancrées dans la réflexion du designer en ce sens où il doit réfléchir en amont aux matériaux qu’il souhaite utiliser et à leur impact sur l’environnement.

En plein essor, l’impact de la RSE commence d’ores et déjà à se faire ressentir avec le développement de certaines initiatives, notamment dans le graphisme :

Les éco couleurs

Une impression dite classique se fait par plusieurs couches de couleurs (Cyan, Magenta, Jaune et Noir) et génère une utilisation accrue d’encre. Afin de réduire cette consommation en encre et ainsi diminuer l’impact sur l’environnement, il est recommandé de privilégier des couleurs moins demandeuses en encre. Dans un premier temps, il est conseillé de ne pas dépasser les 100 % d’utilisation d’une couleur. En effet, bien qu’un noir à 100 % soit plus intense qu’un noir à 80 % ou 90 %, cette différence sera minime à l’impression et pourtant grande sur l’environnement. Dans un second temps, si l’on souhaite aller plus loin, on peut également se fixer une limite en veillant à ne pas dépasser les 100 % au total en additionnant les quatre couches de couleurs.

Les éco typographies

En parallèle des couleurs, les typographies tendent elles aussi à évoluer et à diminuer leur impact sur notre société. Pour qualifier une typographie de plus écologique, deux critères sont pris en compte. La taille du corps de texte et l’espacement entre les lettres ainsi que la graisse utilisés permettent d’influencer le nombre de lignes du format imprimé et donc sa taille et son nombre de pages : attention cependant à ne pas trop réduire ceux-ci et à rendre le texte illisible. De nombreux classements positionnent Garamond comme la typographie la plus écologique puisqu’elle permettrait de consommer 24 % d’encre en moins que les typographies classiques. Depuis quelques années, on note également l’apparition de typographies créées uniquement dans un but écologique : c’est notamment le cas de Eco Font créée en 2008 par l’agence Spranq ou encore de la Ryman Eco créée en 2014 par Ryman Stationery.