Tiny house : le nouveau défi des designers

Académie des Arts Appliqués

Intéréssé pour intégrer l'école et devenir un futur designer ?

Nouveau mode de vie alternatif, les tiny houses conquièrent de plus en plus de personnes chaque jour. Dans notre société qui accorde toujours plus d’attention à sa consommation et à son empreinte carbone, ces micromaisons permettent de répondre à ces attentes. Alors qu’elles sont très populaires aujourd’hui, on entendait peu parler de ces habitations il y a encore quelques années. Elles tirent leur origine outre atlantique et relèvent d’une réflexion de plusieurs dizaines d’années.

 

C’est dans les années 1970, après avoir fait face à de nombreux conflits mondiaux, que des artistes américains commencent à explorer de nouveaux modes de vie alternatifs. En 1973, Lloyd Kanh et Bob Easton publiaient Shelter, un ouvrage pictural retraçant l’évolution architecturale des habitats. Inspirant et complet, le livre a permis à l’idée des modes de vie alternatifs de perdurer jusqu’à la publication de Tiny Houses par Lester Walker, architecte américain, dans les années 1980. Encore discrètes, les tiny houses commençaient donc à faire parler d’elles et à se démocratiser auprès du grand public, notamment à la fin des années 1990 grâce au designer Jay Shafer qui a lancé son entreprise Small House Society en faisant écho à son livre The Small House Book.

Il faudra cependant attendre une autre crise pour que ces micromaisons démontrent leur utilité à la société : c’est en réponse aux sinistrés de l’ouragan Katrina en 2005 et aux sans-abris résultants de la crise immobilière des subprimes de 2008 que les tiny houses prennent réellement leur envol.

Aujourd’hui, le mouvement s’est exporté mondialement et l’on retrouve de nombreuses micromaisons en Australie et en Nouvelle Zélande par exemple, où les consommateurs sont curieux de ce nouveau marché. La France commence elle-aussi, depuis quelques années, à s’y intéresser, notamment pour le mode de vie minimaliste que les tiny houses offrent. En France, depuis 2014, la loi Alur reconnait même la tiny house comme un « lieu d’habitation permanent » et un « mode de vie alternatif, écologique et autonome » participant ainsi à la démocratisation du concept et à la facilitation des démarches.

On distingue deux grandes catégories de tiny houses : 

Les tiny houses fixes

S’inscrivant dans l’esprit de maisons traditionnelles mais aux dimensions réduites et pouvant être installées dans des endroits initialement peu accessibles aux maisons classiques. Ces tiny houses, offrant un cadre de vie calme et tranquille, sont idéales pour les personnes désirant s’installer dans un lieu fixe. Parmi ce type de micromaisons, les containers aménagés et cabanes en bois sont les plus populaires.

https://tinyhousefrance.org/une-mini-maison-faite-de-deux-containers/

Les tiny houses mobiles

https://www.quadrapol.com/5-questions-frequentes-sur-les-tiny-houses/

Ces micromaisons, généralement construites sur une remorque, correspondent davantage au mode de vie autonome évoqué plus tôt et à la volonté de liberté. En effet, les adeptes de tiny houses mobiles sont nomades et profitent de la liberté que leur offre leur habitation pour régulièrement changer de lieu et découvrir de nouveaux endroits. Parmi les micromaisons mobiles les plus connues, on retrouve notamment les mobil home ou les camping-cars.

Véritable mouvement social qui s’inscrit dans une volonté de se recentrer sur l’essentiel et de diminuer son empreinte carbone, la tiny house entraine également une nouvelle ère dans le secteur architectural. Face à la demande croissante pour ce nouveau type d’habitat, les designers et architectes se voient attribuer de nouvelles missions dont une principale : repenser et simplifier l’espace de vie. Avec une surface comprise entre 10 et 45m2, les architectes doivent repenser tout le design de l’habitat traditionnel pour garantir à ces férus de la liberté un logement fonctionnel répondant à leurs besoins en toute circonstance. S’engager dans un mode de vie plus responsable certes, mais pas au détriment du confort que l’habitat doit offrir. Les architectes d’intérieur doivent donc prendre en compte toutes ces contraintes et proposer des alternatives aux habitats classiques en conservant un maximum de confort mais dans un espace restreint. C’est ainsi que naissent de nouvelles idées, notamment en termes d’organisation, qui peuvent être réutilisées dans les maisons traditionnelles. Ces designers doivent renouveler d’efforts et de créativité pour proposer des espaces restreints mais fonctionnels.


Certains vont même jusqu’à se spécialiser et faire de ces tiny houses leur cheval de guerre : c’est notamment le cas de Daniel Venneman et de ses Porta Palace. Spécialiste de l’habitat ultra-compact, l’architecte propose, avec ce concept, des tiny houses nomades et écologiques sans pour autant délaisser le confort des maisons traditionnelles ! Baies vitrées, cloisons en verre et charpente en bois en font une maison quasiment 100 % recyclables : de quoi s’interroger sur la place que ces tiny houses prendront dans notre société dans quelques années.