A l’heure où l’environnement prend de plus en plus de place dans notre société et nos pensées, l’industrie de la mode est au cœur des questionnements. En effet, des chiffres alarmants démontrent qu’il s’agit d’une des industries les plus polluantes au monde, notamment du fait que la fast fashion, notre manière de consommer actuelle, entraine une fabrication massive qui ne cesse d’évoluer. Une étude menée par le media Business of fashion a démontré qu’en moyenne, une femme achète 30kg de textile par an et que moins d’un quart de ces 30 kg sont recyclés. Plus encore, on ne comptabilise que 160 000 tonnes de vêtements recyclés pour 700 000 tonnes d’achats. Ainsi, de nombreux progrès sont attendus et notamment en termes de recyclage. Outre les chiffres alarmants de la production, cette consommation dite fast fashion entraine également beaucoup de gaspillage de pollution.
De ce constat naissent des prises de conscience et des changements d’habitudes : c’est la naissance de la slow fashion. Contrairement à son ancêtre, la slow fashion agit et produit dans le respect de l’environnement, des conditions de travail ainsi que dans le respect du bien-être des animaux. Cette nouvelle alternative vise à limiter les achats vestimentaires et à se tourner vers des achats de qualité en consommant moins mais mieux.
C’est au cœur de cette slow fashion qu’émerge un concept directement lié au recyclage : l’upcycling. Surcyclage ou recyclage par le haut en français, cette démarche vise à récupérer des tissus, vêtements ou matériaux déjà existants dans le but de les retravailler et de les valoriser afin de créer de nouvelles pièces de qualité supérieure. Cette pratique répond donc aux nouvelles attentes des consommateurs tout en permettant à l’originalité et à la créativité de revenir au cœur de la mode. Bien que l’on entende de plus en plus parler d’upcycling, celui-ci existe depuis plusieurs années maintenant. A ses prémices, Martin Margiela a présenté une collection réalisée à partir de sacs plastiques Franprix en 1990 et a ensuite lancé une « ligne 0 » entièrement recyclée, initiant ainsi le secteur de la mode à cette nouvelle pratique ! C’est grâce à l’éveil des consciences vis-à-vis de l’écologie, mais également aux réseaux sociaux, que le mouvement a su se développer davantage ces dernières années.
Mais, concrètement, quelles sont les étapes de
l’upcycling ?
1. Trouver le bon tissu
La première étape consiste à faire le tri dans les tissus et vêtements que l’on possède, mais également à se rendre dans les friperies et autres lieux de déstockage de vêtements tels qu’Emmaüs par exemple.
2. Vérifier l'état du tissu
Après avoir fait une pré-sélection de tissu, il est important de veiller à ce que celui-ci soit en état d’être travaillé pour la création de la nouvelle pièce. De fait, c’est à ce moment qu’un choix doit être fait entre la réutilisation du tissu ou le recyclage de celui-ci.
3. Concevoir et créer la nouvelle pièce
C’est une fois la pièce bien choisie que le processus de création et de conception entre en place. De fait, l’upcycling pousse les designers et stylistes à inventer et imaginer de nouvelles pièces en partant de certaines bases. Certaines choses ne sont donc pas réalisables mais un tout nouveau champ des possibles s’ouvre à eux !
Et, quels sont les avantages de cet upcycling ?
Ecologique
D’une part, c’est une démarche très écologique puisqu’elle permet de faire des économies en termes d’eau et d’énergie, là où la création d’une toute nouvelle pièce aurait généré beaucoup de pollution. L’upcycling permet également de réduire la production et les déchets produits au cours de celle-ci.
Stylistique
Non négligeables, les avantages stylistiques de l’upcycling sont sans appel : la méthode permet de stimuler la créativité et de créer des pièces plus originales mais également de produire des pièces uniques ou en séries limitées. De fait, il vous sera plus simple d’affirmer votre propre style et d’éviter de croiser une autre personne avec la même tenue que vous.
Economique
Recycler et retravailler ses vêtements apporte également des bienfaits économiques puisqu’il sera moins cher de réutiliser et de retravailler un tissu que vous possédez déjà plutôt que d’investir dans du neuf. De plus, l’achat de matière première, en mercerie par exemple, reste également moins élevé que l’achat d’un vêtement de fast fashion.
L'upcycling à l'Académie des Arts Appliqués
Tendance mais surtout grand sujet de réflexion sur la nature de la mode, il est aujourd’hui primordial d’intégrer cette slow fashion et l’upcycling aux formations de mode. Il est très important pour nous de former des designers concernés par l’impact environnemental et engagés dans des modes de production plus responsables et plus écologiques. De cette dynamique est né un partenariat avec la Toison d’Or, célèbre centre commercial situé au cœur de l’agglomération dijonnaise. Afin de sensibiliser ses client·es à l’upcycling et aux démarches mises en place par ses partenaires, la Toison d’Or a missionné nos élèves en bachelor design de mode afin de réaliser, à partir de tissus préalablement fournis et de matières premières telles que du plastique ou encore du carton, des tenues dites upcyclées. Un défi haut en couleur pour nos élèves qui a été relevé avec brio et que vous avez pu découvrir au cœur du centre commercial en avril dernier !
